Maison des Associations – Toulouse – juin 2016

Pendant tout un printemps j’ai dessiné des migrants syriens dans le quartier des Izards, au pied de l’immeuble qu’ils squattaient. Les médias évoquaient le drame de ses migrants dont certains se noyaient avant d’atteindre l’Europe. L’accueil des pays de l’Union était inégal et certains leur refusaient l’entrée.

Pour l’expo, j’ai voulu visualiser ces barrières aux frontières en collant les portraits derrière un grillage de 2m de haut. Au sol, sont installés les linceuls de migrants noyés.

Un jour, je vois que l’on descend des étages, un fauteuil improbable, afin que le patriarche puisse poser confortablement.

Les enfants se débrouillent déjà en français car ils vont à l’école. Cela permet de petits dialogues.

Je viens d’achever le portrait d’une petite fille.

  • Tu es française toi ?
  • Oui
  • Moi je suis Syrienne.
  • Je sais

Elle me montre son T-shirt.

  • Dessine le chat là
  • Fais le toi
  • Non, toi

Je suis observée scrupuleusement.

  • Il manque ça

Elle n’a pas encore le mot pour « moustaches ».

Je m’exécute.

Son silence m’indique peut-être qu’elle est satisfaite.